Après deux rondes, Robidas est le meilleur compteur en séries chez les défenseurs de la LNH grâce à huit points en 12 matchs.
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La Presse
Ce n’est pas parce qu’on prépare le but gagnant en quatrième période de prolongation pour éliminer les Sharks 2-1 aux petites heures de la nuit qu’on ne se lève pas à l’aube pour jouer avec ses petits.
Après s’être couché vers 4 h, Stéphane Robidas, dont le talent ne cesse d’être reconnu aux quatre coins de la LNH, était debout à 7 h pour s’amuser avec ses enfants, à sa résidence de Dallas.
«Je ne les vois pas souvent pendant les séries, alors je profite des moindres moments, a-t-il confié hier matin au téléphone. Mais je pense que je vais aller me recoucher tantôt»
Robidas venait de passer plus de 50 minutes sur la glace lorsqu’il a dirigé une passe lumineuse à Brenden Morrow devant le filet au cours d’une supériorité numérique à mi-chemin de la quatrième période de prolongation. Il a ainsi permis aux Stars d’écarter les Sharks de San Jose en six matchs et de passer en finale d’association contre les Red Wings de Detroit.
«C’est un jeu préparé à l’avance qui a bien fonctionné, mentionne-t-il pour expliquer la séquence qui a mené au but gagnant. J’ai quitté la pointe pour m’avancer près du cercle de mise en jeu et je savais que Mike (Ribeiro) ne mettrait pas de temps à m’apercevoir tellement c’est un bon passeur. J’ai voulu tirer, mais je n’avais plus d’angle parce que le gardien Nabokov aime défier le porteur de la rondelle. C’est là que j’ai vu Brenden devant le but. On ne voulait tellement pas retourner à San Jose pour un septième match. On voulait tout donner.»
Et comment arrive-t-on à être aussi efficace sur la glace en disputant plus de six périodes de hockey? «Sérieux, je me sentais bien physiquement sur la glace. Même après, peut-être parce qu’on venait de gagner, mais je n’étais pas aussi brûlé qu’après les fois où je perdais de longs matchs en prolongation. J’ai quand même fait attention de me nourrir correctement entre les périodes pour éviter la déshydratation. J’ai bu des boissons électrolytes et aussi des milk shakes et mangé le chocolat que je mange habituellement entre les périodes. Pas n’importe quel chocolat, évidemment, du chocolat noir à 85% à base de cacao que mon naturopathe, Jean-Philippe Groulx, me suggère. Ça fait que finalement, j’ai eu pas mal d’énergie jusqu’à la fin et j’ai perdu seulement quatre livres pendant le match, ce qui n’est pas beaucoup.»
Le défenseur originaire de Sherbrooke a cependant eu toute une frousse à huit secondes du début de la deuxième période de prolongation lorsqu’il a perdu le disque à Joe Thornton en chutant sur la glace. Thornton a décoché un bon tir, mais Marty Turco a sauvé l’ancien défenseur du Canadien.
«Il y avait une coche dans la lame de mon patin et quand j’ai voulu faire mon pivot, le patin a lâché, raconte Robidas. Je cherche toujours comment ça a pu arriver, surtout au début d’une période. Peut-être que j’ai marché sur du ciment à l’entracte, ou que j’ai accroché la lame d’un coéquipier. Disons que j’ai remercié Turco après le match.»
Ce ne fut pas le seul moment de stress vécu par Robidas et ses coéquipiers. «Les périodes de prolongation sont toujours très stressantes, surtout quand on se retrouve dans le vestiaire entre les périodes. C’est là que tu as le temps de réfléchir. Sinon, sur la glace, le jeu se déroule tellement vite parce qu’il n’y a pas de pauses télé qu’on n’a pas le temps de penser, seulement de jouer et de retrouver son souffle quand on est sur le banc.»
Après deux rondes, Robidas, 31 ans, un choix de septième ronde du Canadien en 1995, est le meilleur compteur en séries chez les défenseurs de la LNH grâce à huit points en 12 matchs. Il est également parmi les cinq premiers au chapitre de l’utilisation à une moyenne de 27 minutes par rencontre.
Son talent et son courage sont désormais reconnus par ses coéquipiers, ses adversaires et aussi son entraîneur, Dave Tippett, qui révélait aux journalistes de Dallas la semaine dernière avoir été touché, en ligne derrière Robidas, par les commentaires des joueurs des Ducks d’Anaheim durant la traditionnelle poignée de main au terme de la première série.
«C’est vrai qu’ils ont dit de bons mots à mon endroit et ça fait plaisir, de lâcher du bout des lèvres Robidas, un athlète humble. En particulier Sean O’Donnell, qui m’a dit que j’étais un guerrier et que j’avais été dominant dans la série. Il n’en revenait pas que je retourne au jeu après une fracture du nez. Mais c’est ça qui m’a permis de me rendre à la Ligue nationale. Jeremy Roenick (des Sharksm’a dit un peu la même chose, comme quoi j’étais un vrai guerrier.»
Prochain défi, les Red Wings. «Ça va être une série très différente, très rapide. À nous de bien jouer défensivement, avec le même système efficace.»